Ego

Jean-Luc Mélenchon est souvent accusé d’avoir un « ego sur-dimensionné ». Qu’en est-il vraiment ?
Oui, JLM a ce qu’on peut appeler une forte personnalité, agrémentée d’un tempérament méditerranéen et d’une indéniable pugnacité. Est-ce un problème pour un candidat à une élection présidentielle dans un contexte de tensions sociales et de tensions internationales ? N’est-ce pas plutôt un atout ? Faut-il donc un président terne, timide, irrésolu et effacé pour tenir tête au Medef, aux multinationales, à l’Union Européenne, au FMI, à l’OMC, à Merkel, à Trump, à Poutine, à la Chine… ? Encore un « capitaine de pédalo » ?

Lors de son meeting du 15 février 2017 à Strasbourg, JLM expliquait :

« Je lis ce truc : “il faut calmer les egos”. (…) A 65 ans, je ne fais pas une carrière, c’est terminé, ce n’est pas mon sujet. Je ne suis pas en train de préparer le prochain congrès de mon parti, ni je ne sais quel accord pour une circonscription, je suis juste en train de m’occuper dans une élection présidentielle de faire vivre une idée qui pourrait être emportée si je n’y étais pas. Parce que si je n’y étais pas, et si vous n’y étiez pas, si nous ne constituions pas la force que nous ferons, ils ne s’occuperaient même pas de faire semblant. Ils seraient déjà en train de négocier la suite. (…)
Ce n’est pas ma personne le héros de cette élection présidentielle. C’est une idée construite dans le temps par des milliers de gens. (…) C’est très mal-élevé de dire “Mélenchon président”. On dit “résistance”. « 

En 2012 déjà, JLM refusait qu’on clame son nom pendant les meetings. Il n’a pas varié en 2017, pendant que les « Macron président », « Fillon président », « Le Pen présidente » ou « Hamon président » peuvent s’entendre ou se lire aisément.
La forte personnalité du candidat n’est donc pas plus que chez ses concurrents la source d’un quelconque culte de la personnalité. Pourtant, c’est essentiellement à lui qu’est fait le reproche d’avoir un gros ego. Il s’agit là d’un élément de langage utilisé par le Parti Socialiste pour faire endosser à JLM la responsabilité de la division à gauche. Pourtant, le candidat du PS lui-même a reconnu qu’il était « tenace » et « têtu », ajoutant : « je respecte les égos, j’en ai moi-même un. » Mais, comme le souligne Alexis Corbière, porte-parole de JLM :

« Quand un socialiste vous parle d’unité, ça veut dire “derrière moi”. Voilà, c’est ce qu’il faut comprendre, et dès que vous n’êtes pas d’accord, on vous dit “vous avez un gros ego”. (…) C’est absurde de discuter comme ça. »

En réalité, les divergences entre Hamon et Mélenchon ne relèvent nullement de la querelle d’égos mais portent bien sur des points essentiels : la stratégie à mener face à l’Union Européenne, le passage par une Constituante populaire pour mettre en place la 6e République, la retraite à 60 ans avec 40 annuités, l’opposition claire au libéralisme (le soutien affiché de nombres de cadres du PS à Macron n’a entraîné aucune exclusion), la rupture franche avec la politique menée par Hollande (dont Hamon persiste à saluer le quinquennat)…
Et surtout, Mélenchon est porteur d’un programme et d’une stratégie conçus et approuvés par plus de 300000 Insoumis qui ne sauraient se rallier sur ordre à un accord d’appareils au détriment de la cohérence et du programme… quel que soit l’ego des candidats.

 

Source :

http://tempsreel.nouvelobs.com/presidentielle-2017/20170220.OBS5512/hamon-et-melenchon-pas-de-covoiturage-possible-dans-le-corbillard-ps.html

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *